Jean-Luc Martin-Lagardette
Déontologie de l'info
Tout le long de ma carrière, je me suis investi dans les questions de déontologie de l’information, publiant plusieurs ouvrages sur ce thème (voir « MES LIVRES »).
Pour faciliter la mesure de la qualité d’un article de presse, j’ai conçu la démarche véritale et sa grille qui réunit un ensemble de critères à respecter pour :
- garantir la plus grande justesse possible de l’information,
- la vérification sur le terrain et à la source,
- le respect de la diversité des points de vue et du débat contradictoire
- la reconnaissance et la rectification des erreurs.
Un journaliste (un média) optant pour la démarche véritale ne garantit pas LA vérité sur tel événement, ni ne prétend qu’il a été totalement objectif.
Mais il peut PROUVER qu’il a été le plus honnête possible dans la fabrication de son information ; qu’il a tenté d’approcher au plus près, dans son expression, la conformité avec la réalité ; qu’il a été loyal dans la construction de son jugement.
En décembre 2006, je crée avec des confrères, dont Yves Agnès, un ancien rédacteur en chef du Monde, et des personnes désireuses d’améliorer le fonctionnement éthique des médias, l’Association de préfiguration d’un Conseil de presse (APCP).
Dans la plupart des pays démocratiques ont été créés des Conseils presse, instances réunissant les éditeurs des médias, les journalistes et des représentants du public, afin d’étudier les plaintes des victimes des dérives de l’information. La presse française est une des rares dans les pays démocratiques à refuser que ses dérives soient régulées par une instance tierce (hormis la justice, solution pesante, incertaine et qui n'est pas à la portée de tous).
Dès 1985, dans le n° de mai de Presse Actualité (aujourd'hui disparue), je plaidais pour la création en France d’un tel Conseil de presse, idée qui était déjà soutenue par l’universitaire Claude-Jean Bertrand, décédé en 2007.
Mais cette idée a eu du mal à prendre en France. Les médias n'aiment pas qu'on leur demande des comptes, malgré le caractère d'intérêt général de leur mission. L'APCP a enfanté alors l'Observatoire de la déontologie de l'information (ODI) qui publie tous les ans un état des lieux de la question dans notre pays.
Enfin, porté par ces deux instances, un Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CMJD) a vu le jour le 2 décembre 2019.
Parallèlement, j’ai partagé ma réflexion sur l’épistémologie journalistique par de nombreux articles sur mon blog (Débredinoire.fr) et dans différentes revues, comme dans celle éditée par le Centre international de recherches et études transdisciplinaires (Ciret) :
« La logique du tiers inclus appliquée au journalisme » (Bulletin n° 21 de janvier 2011).